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Lebanon: Political leadership confronted by Salafist ideology
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Force est de constater que les débordements de la crise syrienne au Liban sur le plan sécuritaire sont restés relativement limités, comparé à la violence massive de l’autre côté de la frontière. Cette note de recherche fait l’hypothèse que si le calme au Liban est tout relatif, il est aussi le résultat de mécanismes de contrôle politique et social bien établis, et notamment les liens entretenus par les notables et leaders communautaires avec la population. Comme nous le savons, le modèle consociatif libanais fait de ces élites des « champions communautaires » et des médiateurs entre leurs communautés et l’État libanais : porte-paroles, responsables de négociations intercommunautaires et régulateurs de conflits intercommunautaires. Les leaders doivent en effet composer avec les radicaux de leurs communautés et « contrôler » leurs « rues politiques ». A travers le cas de la communauté sunnite libanaise, cette note de recherche analyse dans une première partie l’essor de l’extrémisme sunnite, le salafisme djihadiste. Dans une seconde partie, nous nous pencherons sur les mécanismes de contrôle et d’interaction entre la jeunesse urbaine pauvre et les notables sunnites, et plus particulièrement la question des mécanismes communautaires. Il s’agit là de comprendre dans quelle(s) mesure(s) ces mécanismes existant de manière similaire dans les communautés chiite, maronite et druze, expliquent l’adaptation de l’État libanais face à la crise syrienne. Nous démontrerons que contrairement aux études décrivant les islamistes comme constituant une menace à la stabilité libanaise et à la cohésion nationale, ces derniers s’adaptent et s’intègrent à la réalité locale. Les islamistes sont aussi pragmatiques : les intérêts privés, communautaires, politiques et familiaux peuvent aussi aisément prendre le pas sur l’élément religieux. Cela rend possible une position consensuelle vis-à-vis des élites politiques sunnites, et du phénomène de libanisation du salafisme, par leur entrée dans des réseaux clientélistes. Les militants de Daech ont quant à eux un ancrage international, ce qui les rendrait plus dangereux, car moins facilement contrôlables par les notables salafistes ou par les élites politiques. Ils sont jeunes et en rupture avec leurs parents et leur communauté. Toutefois, puisque les jeunes de Daech se réclament du salafisme, les notables salafistes jouissent encore d’un certain respect parmi eux. L’inclusion des cheikhs salafistes libanais dans des processus de négociation avec Daech continue donc d’être d’une grande importance. Finalement, le courant du Futur et Hariri sont de plus en plus contestés en interne par les électeurs sunnites. Le plus grand rival de Hariri n’est pas représenté par les salafistes mais par d’autres leaders sunnites plus en phase avec les positions de la communauté, tels qu’Achraf Rifi.
- Published year: 2017
- Language: Fransk
- Journal: Notes de l'Observatoire du monde arabo-musulman et du Sahel (Observatoire of Arab-Muslim World and Sahel)
Skrevet av
Tine Gade
Seniorforsker